Nouveau projet d’habitat inclusif sur le Bassin d’Arcachon
Une réponse concrète, adaptée et durable pour les travailleurs de l’ESAT d’Audenge
Sur le Bassin d’Arcachon, l’habitat inclusif prend une place croissante dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. À l’Adapei 33, ce modèle ouvre des perspectives nouvelles, sécurisantes et adaptées, notamment pour les travailleurs vieillissants ou engagés dans un projet d’autonomie. Les récits recueillis auprès des habitants, futurs locataires et professionnels témoignent de cette transformation.
Ouverture d’un deuxième logement inclusif sur Biganos
La recherche d’un logement adapté demeure une priorité pour de nombreux travailleurs d’ESAT, particulièrement lorsqu’ils approchent de la retraite. Après l’ouverture en 2021 à Marcheprime d’un premier habitat inclusif destiné aux personnes handicapées vieillissantes, en partenariat avec les associations Tout Cérébrolésés Assistance (TCA) et Alter Insertion, un deuxième logement inclusif s’apprête aujourd’hui à voir le jour sur le Bassin d’Arcachon. Il offrira une réponse concrète et attendue à trois travailleurs de l’ESAT d’Audenge.

Hervé (57 ans), Frédéric (59 ans) et Eric (60 ans), aujourd’hui hébergés au FH du Bassin d’Arcachon, intégreront ce nouveau logement le 8 décembre prochain. Pour eux, c’est l’assurance de pouvoir envisager la suite plus sereinement, enfin libérés de la contrainte qui liait leur hébergement à la poursuite de leur activité professionnelle.

Frédéric exprime son soulagement :
« Je suis très soulagé, je sais maintenant où je vais vieillir, avec qui et que l’on va bien s’occuper de moi »
Dans son témoignage, il confie aussi sa peur du changement, la distance avec les commerces et l’importance de la nature pour se sentir bien :
« Vivre dans la maison « Papillon », cela va être difficile au départ mais on sera mieux. J’aime la nature autour […] Par contre les magasins sont loin et j’ai peur que cela me manque. J’avais l’habitude de m’y rendre seul et de faire les magasins. J’ai peur du changement au départ mais tu m’aideras Corinne […] On va être mieux »

Eric partage la même attente d’apaisement et quelques inquiétudes face à ce nouveau projet :
« Ce sera la tranquillité, il me tarde. J’en ai marre du foyer, trop de monde […] Je m’inquiète pour mon médecin, il faut en changer ? »

Pour Hervé, la perspective est plus sereine encore :
« Je vais pouvoir me promener dans la nature comme je le fais chez moi avec maman. Rien ne m’inquiète juste cela va être dur au début mais on s’entend bien ».


Un travail en amont essentiel pour garantir la réussite du projet
La création de ce type d’habitat repose sur un partenariat étroit entre l’ESAT d’Audenge et les associations TCA et Alter Insertion. Avant même l’ouverture de la maison, un long travail préparatoire a été mené afin de sécuriser chaque étape et d’accompagner au mieux les futurs habitants.

C’est ce que rappelle Annouck Gréchez, directrice de l’ESAT d’Audenge, en soulignant l’ampleur de l’investissement réalisé :
« Pour intégrer un tel dispositif, nous avons engagé un travail important depuis plus d’un an avec TCA et Alter Insertion. De nombreux temps de réunions ont été nécessaires, notamment pour repérer les trois candidats, analyser et vérifier l’éligibilité des profils, présenter le projet aux travailleurs ainsi qu’aux familles et aux mesures de protection. La phase d’intégration a ensuite débuté à raison d’un jour par semaine et s’est progressivement intensifiée, les futurs habitants participant désormais aux travaux de finition de leur maison, avec l’appui des équipes de Tout Cérébrolésé Assistance et des Compagnons Bâtisseurs de Nouvelle Aquitaine, que nous remercions sincèrement. »

Ce dispositif répond à une demande concrète de la part des travailleurs et la préparation est essentielle, comme le souligne également Corinne Benoist, coordonnatrice de parcours :
« L’habitat inclusif est une vraie réponse et solution d’hébergement pour les personnes vieillissantes et futurs retraités. C’est un vrai soulagement pour certains travailleurs et également pour nous, professionnels inquiets de leur devenir après le travail, malgré quelques appréhensions au départ, comme tout projet novateur. […] Les familles sont surprises au départ, parfois sceptiques. Les associer à cette préparation a permis qu’elles adhèrent complètement. C’est pour elles un vrai soulagement. […] Pour ce deuxième habitat, nous avons eu plus de temps et d’expérience pour travailler sur une belle cohésion de personnes. Certaines personnes accompagnées, réticentes au départ, ont accepté plus facilement ce projet, […] Les associer à l’évolution de la construction de la maison, dans le choix des peintures et des meubles, est un véritable atout initié par et avec TCA. »



Mathilde Planques, assistante sociale, confirme l’intérêt d’un tel dispositif et le rôle essentiel des familles dans cette période de transition :
« Aujourd’hui, nous rencontrons de grandes difficultés pour trouver un hébergement aux futurs retraités et retraités de l’ESAT. Les foyers occupationnels disposent de capacités d’accueil limitées et doivent déjà répondre aux besoins des jeunes adultes de plus de 21 ans pour lesquels le maintien en IME n’a plus de sens, ce qui laisse très peu de places pour accompagner les travailleurs en fin de carrière.
Quant aux EHPAD, ils ne sont pas suffisamment formés aux spécificités du handicap. Dans ce contexte, notre partenariat avec TCA et Alter Insertion constitue une véritable opportunité, car il nous permet d’identifier des solutions de logement réellement adaptées à leurs besoins. […] Ce type de logement a permis de trouver une solution d’hébergement pour plusieurs futurs retraités et retraités de l’ESAT […] Par ailleurs, de nombreux travailleurs ne sont pas en capacité de vivre en logement autonome mais ont la volonté de prendre leur indépendance. L’habitat inclusif pourra bientôt répondre aux besoins de ce public plus jeune. Nous avons déjà plusieurs travailleurs intéressés pour s’inscrire dans un nouveau projet de logement inclusif ».
Les premiers retours d’expérience témoignent de la pertinence de ce dispositif
La maison Océan, ouverte en 2021 à Marcheprime, constitue une première expérience réussie. Pendant quatre ans, plusieurs locataires y ont construit un lieu de vie stable et chaleureux.
« Thierry nous a quittés subitement en décembre 2023, à quelques mois de sa retraite. Il a pu profiter durant un an et demi d’un cadre adapté et sécurisant, et prendre plaisir à s’approprier son logement ainsi qu’à tisser des liens avec ses colocataires. » – Annouck Gréchez
Joël savoure pleinement sa retraite : « Joël est aujourd’hui un retraité épanoui et en pleine forme, qui savoure chaque jour le plaisir d’être chez lui, bénéficiant de nombreuses activités et entouré de professionnels attentifs à ses besoins.» – Annouck Gréchez
Jean-Pierre, toujours en activité à l’ESAT, a retrouvé motivation et plaisir au travail : « L’habitat inclusif lui a permis de se remobiliser. Perdu dans le collectif, il s’isolait dans sa chambre et ne venait plus travailler. Ce nouveau cadre lui a offert la possibilité de se poser, d’être apaisé quant à son avenir, de vivre à son rythme et, progressivement, de s’ouvrir davantage aux autres. » – Corinne Benoist
« Marie-Christine est elle aussi désormais à la retraite. Elle a choisi de ne pas rejoindre le logement de Biganos et poursuit sa vie à Marcheprime, où elle partage une colocation avec des personnes ayant un traumatisme crânien.
Tous estiment avoir eu raison de tenter l’aventure de l’habitat inclusif, ils se sentent aujourd’hui apaisés, confiants pour la suite et porteurs de nombreux projets tournés vers l’inclusion. Ils apprécient particulièrement la force du collectif et la présence de professionnels attentifs à leurs besoins. » Annouck Gréchez
Ces parcours montrent qu’un habitat inclusif peut transformer le quotidien, redonner envie, restaurer la confiance en soi et favoriser une vraie qualité de vie.
L’appartement tremplin, un formidable laboratoire de l’autonomie
En complément du dispositif Habitat inclusif, l’appartement tremplin, ouvert depuis 2022, représente quant à lui un formidable laboratoire de l’autonomie.

Isabelle Baylère, coordonnatrice, en témoigne :
« L’appartement tremplin est un dispositif de logement temporaire qui permet aux travailleurs de se préparer et d’expérimenter la vie en autonomie. Ils peuvent ainsi tester leur capacité à gérer seuls les actes de la vie quotidiennes ainsi que la solitude avant de candidater vers un logement autonome. Ce dispositif peut également permettre aux travailleurs et à leur famille de se rendre compte des étayages nécessaires pour que la future vie autonome se passe au mieux […] C’est un véritable tremplin, une belle opportunité de franchir une étape importante. Deux travailleurs ont accédé à un appartement autonome quelques mois après leur passage dans l’appartement tremplin […] Pour d’autres, l’expérience a permis d’identifier les étayages nécessaires ou la nécessité d’une solution intermédiaire comme la colocation. »
Au fil des témoignages et des expériences, l’habitat inclusif apparaît comme une réponse concrète, innovante et adaptée aux besoins divers des travailleurs accompagnés par l’ESAT d’Audenge. Il sécurise leur avenir, renforce leur autonomie, soutient les familles et mobilise un collectif d’acteurs engagés.
La maison Papillon, la maison Océan, l’appartement tremplin et les projets à venir dessinent un même horizon : permettre à chacun de vivre chez soi, à son rythme, entouré, en sécurité, dans un cadre choisi et porteur de sens.
« Petit scoop, nous travaillons déjà à l’ouverture d’un troisième logement. La date n’est pas encore fixée, mais le groupe de futurs habitants est constitué. Ce nouvel habitat sera destiné à des travailleurs actifs, essentiellement de jeunes adultes vivant encore en famille et souhaitant prendre leur indépendance, tout en bénéficiant d’un accompagnement temporaire pour sécuriser leurs premiers pas vers l’autonomie. » Annouck Gréchez